Entrée du camp


Le camp de la mort
Dans ce camp qui aurait comporté près de 150 bâtiments – sans compter les cinq autres camps satellites répartis sur le territoire chinois – Ishii et ses hommes se livrent à toutes sortes d’expérimentations sur des prisonniers, souvent des soldats russes, américains, chinois, coréens, mongoles mais aussi des intellectuels, des ouvriers ou simplement des personnes soupçonnées de ne pas partager les intérêts de l’Empire. Le camp devient un théâtre de l’Horreur humaine.


Les cobayes humains
On estime que Shirō Ishii et son équipe commencèrent leurs expériences sur les humains en 1932. Les premiers cobayes étaient des prisonniers condamnés à mort et détenus à la prison de Harbin ou des résistants capturés par la kempeitai (la police militaire japonaise). Par la suite, les victimes furent également des soldats chinois, des Russes communistes détenus dans le camp d’Hogoin, des intellectuels, des ouvriers coupables d’agitation, ou simplement des individus soupçonnés de « déloyauté ».

le docteur Shiro Ishï (1932)


La première unité de recherche de grande envergure, l'unité Tōgō, fut toutefois implantée à Beiyinhe, en banlieue sud de Harbin en 1932. Son existence devint connue notamment en raison de l'évasion d'une douzaine de prisonniers chinois à l'automne 1934. À compter de 1936, avec la création de l'unité 731 à Pingfang et la destruction du site de Beiyinhe, les expérimentations s'étendirent aux femmes et aux enfants (à qui on distribuait le bacille du charbon mélangé au chocolat) et puis, ultérieurement, aux prisonniers de guerre américains détenus au camp de Moukden.

Ces cobayes humains étaient appelés « maruta », ce qui, en japonais, signifie billot, bûche ou bille de bois. À leur arrivée à l’unité 731, on leur attribuait un numéro et ils n’étaient plus considérés comme des êtres humains. La plupart avaient entre vingt et quarante ans.


Les expériences
Dès 1933-1934, Shirō Ishii effectuait des expériences sur le choléra et la peste, en se servant de prisonniers. Déjà en 1935, des films étaient réalisés pour montrer le déroulement de ces expériences aux officiers supérieurs de l’état-major de l'armée du Guandong.

Expérience de vivisection de l'Unité 731

Trois mille personnes furent sacrifiées à Pingfang. Par un judas aménagé dans la porte d’acier de chaque cellule, les gardiens vérifiaient l’état des maruta enchaînés. Ils voyaient des membres pourris, des bouts d’os qui pointaient hors des chairs noires de nécrose. D’autres suaient dans une fièvre atroce, se tordant et gémissant de douleur. D’autres avaient le corps gonflé, d’autres étaient squelettiques. Certains étaient couverts de blessures ouvertes ou de cloques.

Quand un détenu survivait à une expérience, il était soumis à une autre, jusqu’à ce qu’il finisse par mourir.

Deux cents prisonniers peuplaient ces cellules. Deux ou trois mouraient chaque jour. On se livrait à la vivisection de détenus. Certains furent bouillis vifs, d’autres brûlés au lance-flammes, d’autres congelés, d’autres subirent des transfusions de sang de cheval ou même d’eau de mer, d’autres ont été électrocutés, tués dans des centrifugeuses géantes, ou soumis à une exposition prolongée aux rayons X. Des détenus furent complètement déshydratés, c’est-à-dire momifiés vivants. On les desséchait jusqu’à ce qu’ils meurent et ne pèsent plus que un cinquième de leur poids normal. On étudiait également sur eux les effets du cyanure d’hydrogène, d’acétone et de potassium. Certains détenus étaient affamés et privés de sommeil, jusqu’à la mort. D’autres furent soumis à des expériences de décompression.

Selon certaines sources, plus de 10 000 hommes, femmes et enfants seraient morts dans les laboratoires. Selon les travaux publiés en 2002 par le Symposium International sur les Crimes de la Guerre Bactériologique, le nombre de personnes décédées en Chine suite aux expérimentations et à l'usage des armes bactériologiques par l'Armée impériale japonaise s'élève à plus de 580 000.